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Une histoire mouvementée...

 

Pour chaque région viticole, nombreux sont les chercheurs et les historiens qui s’efforcent de définir avec précision l’époque où la vigne est apparue. Mais de quelle vigne s’agit-il? Il faut faire une distinction entre vigne et viticulture. La vigne est une des plantes les plus anciennes de la terre. Des traces de son existence dans de nombreuses régions du globe, y compris au Groenland, prouvent que cette plante a précédé l’homme sur la terre. En France, des fossiles du tertiaire ont été retrouvés dans la région de Sézanne, d’autres du quaternaire dans celle de Montpellier. Il s’agissait alors de vigne sauvage poussant à l’état spontané.
La viticulture, c’est-à-dire la culture de la vigne, est beaucoup plus récente. Hugues Johnson, dans son ouvrage Une histoire mondiale du vin, écrit: «Les plus anciens pépins de vigne cultivée connus à ce jour proviennent de Géorgie, datés par la méthode du carbone 14, ils remontent à une période de 7.000 à 5.000 ans avant J.-C.» En France, même si certains spécialistes affirment que la viticulture est antérieure aux Romains, ce sont ces derniers qui sont à l’origine de la plupart de nos vignobles actuels. C’est le cas du vignoble alsacien.
C’est au premier siècle de notre ère que les légions romaines ont introduit l’art de cultiver la vigne et d’élaborer du vin sur la rive gauche du Rhin. L’Alsace est restée sous domination romaine jusqu’au début du Vème siècle. Elle fut alors enva­hie et saccagée tour à tour par les Vandales, les Alains et les Alamans. Lors de ces invasions barbares, le vignoble alsacien a connu des périodes difficiles, mais il ne fut pas entièrement détruit. Dans une certaine mesure, les envahisseurs s’efforcèrent de préserver les vignes et de protéger les vignerons. Au VIème siècle, Grégoire de Tours vante les mérites des vins d’Alsace. L’Alsace se trouve alors au centre du duché d’Alamanie qui fait partie du royaume mérovingien d’Austrasie. Aux VIIème et VIIIème siècles, la culture de la vigne se développe considérablement sous l’impulsion des nombreux monastères alsaciens. Le vin, indispensable pour célébrer le culte, devient très rapidement une monnaie d’échange. Pendant des siècles, l’Église va jouer, en Europe, un rôle primordial dans la production et le commerce des vins. Ce fut le cas en Alsace, où, jusqu’à la Révolution française, les plus gros propriétaires de vignobles sont les princes évêques de Strasbourg et de Bâle. Les rois mérovingiens possèdent des vignes dans la région de Marlenheim. Charlemagne, qui réside à Aix-la­Chapelle, est propriétaire de vignes en Alsace. Lors du traité de Verdun (843), l’Alsace fait partie des territoires attribués à Lothaire 1er. En 870, le traité de Meersen la donne au roi de Germanie. A terme, ces différents événements vont avoir d’importantes répercussions sur la viticulture alsacienne. Des documents d’époque nous apprennent que, vers l’an 900, 160 villages alsaciens cultivent la vigne. Au Moyen Age, les vins d’Alsace comptent parmi les plus réputés et les plus chers d’Europe. Ils sont présents sur de nombreuses tables princières. Lorsque la guerre de Cent Ans (1337 à 1453) met la France à feu et à sang, l’Alsace connaît la prospérité au sein de l’Empire germanique. Strasbourg est une des villes les plus importantes de l’Empire. Proclamée république autonome, elle jouit de nombreux privilèges. La batellerie puissante et bien organisée permet d’exporter les vins, bien au-delà des marchés traditionnels que constituent l’Allemagne et la Suisse. À cette époque, les vignerons se sont déjà imposé des règles très strictes. Dès le Moyen Age, les « gourmets » (Weinsticher) occupaient une place importante dans le commerce des vins, Ils sont présents dans tous les villages à vocation vinicole. Leur rôle est strictement défini dans un document concernant les vins de Riquewihr. Ce document nous apprend, entre autres, que le gourmet est un officier public qui accompagne l’acheteur pour vendre au mieux le vin du fournisseur sans se laisser influencer par des sentiments d’amitié et sans recevoir de cadeaux. Des ordonnances promulguées en 1575 et 1644 par le magistrat de la ville de Riquewhir faisaient déjà la distinction entre cépages nobles et communs. Elles interdisaient la plantation de cépages communs sous peine d’amende. Malheureusement, la guerre de Trente Ans sonna le glas de cette prospérité et c’est une Alsace martyrisée et saccagée qui passa en 1648 à la souveraineté française. Il faudra attendre le XVIIIème siècle pour assister au renouveau du vignoble et voir les vins d’Alsace retrouver des débouchés de proximité (Suisse, Allemagne...).
En confisquant et en revendant les biens de l’Église, la Révolution française a modifié profondément la structure du vignoble. Les grands domaines sont morcelés avant d’être revendus. C’est ce qui explique le morcellement actuel (un peu plus de 2 ha en moyenne, un seul grand domaine de 140 ha). Plus grave, la vigne gagne la plaine, et la qualité des vins s’en ressent. Lorsqu’en 1871 l’Alsace devient allemande, la production alsacienne augmente et ses vins sont de qualité médiocre. Ils sont destinés à être coupés avec les vins allemands dont ils enrichissent le degré alcoolique. Comme tous les autres vignobles, l’Alsace n’échappe pas au phylloxéra. Apparu dans le Gard en 1863, cet insecte a ravagé l’ensemble du vignoble français. En 1876, sa présence est signalée en Alsace. A cette époque le vignoble est déjà durement touché par le mildiou et l’oïdium. Les rendements de certaines exploitations tombent à 6, voire 5 hl à l’hectare. Après bien des hésitations, des tâtonnements, la solution pour lutter contre le phylloxéra est enfin trouvée. Il faut greffer les cépages traditionnels sur des porte-greffes américains plus résistants aux attaques de l’insecte. Une autre solution consiste à utiliser des hybrides. Les deux écoles s’affrontent. Les deux techniques sont utilisées. Au début de la Seconde Guerre mondiale, un tiers du vignoble alsacien était planté en hybrides. Malgré les efforts accomplis par l’institut Viticole Oberlin à Colmar entre 1900 et 1918, la création de I’A.V.A. (Association des viticulteurs alsaciens) en 1911, du Syndicat des producteurs-négociants en 1913, la qualité des vins se trouve au plus bas lors du retour de l’Alsace à la France en 1918. De nombreuses questions se posent alors. Faut-il continuer à produire en grande quantité des vins sans vice ni vertu ? Ou, au contraire, reconquérir de nouveaux marchés avec des vins de qualité? Dès 1919, des responsables de la viticulture alsacienne, parmi lesquels figurent déjà Hugel, Boeckel, Preiss, Trimbach, Willm, Lorentz, Meyer, Kuehn, Walter..., organisent des actions de promotion, aussi bien en France qu’à l’étranger. Une ambassade du vin est ouverte à Paris. Parallèlement des actions sont entreprises pour le maintien et le développement des cépages traditionnels, présents, pour certains d’entre eux, depuis le Moyen Age. En 1934, à la veille de la création des AOC et de l’INAO, les Alsaciens souhaitent créer un statut spécial pour les vins d’Alsace. Ce dernier ne verra le jour qu’avec l’ordonnance de 1945, pour cause de Seconde Guerre mondiale. En 1962, les efforts sont enfin récompensés, les vins d’Alsace font leur entrée dans le sérail des appellations d’origine contrôlée. Depuis, les efforts ne se sont pas relâchés. De nombreux textes sont venus concrétiser cette recherche permanente de la qualité: décret sur la mise en bouteille obligatoire dans la région d’origine (1972), reconnaissance des «Grands Crus» (1975), institution de I’AOC Crémant d’Alsace (1976), décret sur les vendanges tardives et les sélections de grains nobles (1984). La notoriété dont bénéficie maintenant, à juste titre, le vignoble alsacien ne doit rien au hasard. Elle est l’aboutissement des efforts entrepris par des hommes qui n’ont jamais baissé les bras dans les moments difficiles. Des hommes qui arrivent à valoriser leurs terroirs et leurs cépages, à la plus grande satisfaction des consommateurs, qui sont de plus en plus nombreux à découvrir et à apprécier les vins de cette région.