L ' A L S A C E   V O U S   A C C U E I L L E
M. Daniel SKOROPAD  -  Данило СКОРОПАД  -  06.81.25.61.27

Depuis plus de vingt ans, la passion de l'accueil ! ! !   Locations familiales de vacances, logements étudiants, co-locations,  toutes les formules...

 

LES VIGNOBLES ET VINS D’ALSACE


SOMMAIRE

Une histoire mouvementée
Les facteurs qualificatifs
Les cépages alsaciens
              Les vins blancs d'Alsace: une palette incomparable!         
Vins d'Alsace et gastronomie
Le vignoble d'Alsace en quelques chiffres

La Route des Vins a fêté ses 50 ans!

Un des premiers gestes de Noé après le Déluge fut de replanter la vigne en signe de renaissance. Que de fois les Alsaciens ont dû répéter ce geste symbolique! Tout au long de son histoire, l’Alsace a connu l’alternance de périodes fastes et de moments difficiles. Situé sur la route des grandes invasions, le vignoble alsacien a connu bien des vicissitudes. Chaque fois, tel le phénix, il a su renaître de ses cendres. De nos jours, dans un contexte difficile, le vignoble alsacien s’impose comme l’un des plus prestigieux de l’Hexagone. Cette réussite est due à des facteurs naturels incontestables, mais aussi, et surtout, aux facteurs humains. Les vignerons alsaciens ne cherchent pas à dissimuler leur réussite. Ils en sont fiers. Ils la doivent à leur travail, à leur recherche permanente de la qualité, à leur acharnement malgré les aléas de l’Histoire.

Une histoire mouvementée

Pour chaque région viticole, nombreux sont les chercheurs et les historiens qui s’efforcent de définir avec précision l’époque où la vigne est apparue. Mais de quelle vigne s’agit-il? Il faut faire une distinction entre vigne et viticulture. La vigne est une des plantes les plus anciennes de la terre. Des traces de son existence dans de nombreuses régions du globe, y compris au Groenland, prouvent que cette plante a précédé l’homme sur la terre. En France, des fossiles du tertiaire ont été retrouvés dans la région de Sézanne, d’autres du quaternaire dans celle de Montpellier. Il s’agissait alors de vigne sauvage poussant à l’état spontané.
La viticulture, c’est-à-dire la culture de la vigne, est beaucoup plus récente. Hugues Johnson, dans son ouvrage Une histoire mondiale du vin, écrit: «Les plus anciens pépins de vigne cultivée connus à ce jour proviennent de Géorgie, datés par la méthode du carbone 14, ils remontent à une période de 7.000 à 5.000 ans avant J.-C.» En France, même si certains spécialistes affirment que la viticulture est antérieure aux Romains, ce sont ces derniers qui sont à l’origine de la plupart de nos vignobles actuels. C’est le cas du vignoble alsacien.
C’est au 1er siècle de notre ère que les légions romaines ont introduit l’art de cultiver la vigne et d’élaborer du vin sur la rive gauche du Rhin. L’Alsace est restée sous domination romaine jusqu’au début du Vème siècle. Elle fut alors enva­hie et saccagée tour à tour par les Vandales, les Alains et les Alamans. Lors de ces invasions barbares, le vignoble alsacien a connu des périodes difficiles, mais il ne fut pas entièrement détruit. Dans une certaine mesure, les envahisseurs s’efforcèrent de préserver les vignes et de protéger les vignerons. Au VIème siècle, Grégoire de Tours vante les mérites des vins d’Alsace. L’Alsace se trouve alors au centre du duché d’Alamanie qui fait partie du royaume mérovingien d’Austrasie. Aux VIIème et VIIIème siècles, la culture de la vigne se développe considérablement sous l’impulsion des nombreux monastères alsaciens. Le vin, indispensable pour célébrer le culte, devient très rapidement une monnaie d’échange. Pendant des siècles, l’Église va jouer, en Europe, un rôle primordial dans la production et le commerce des vins. Ce fut le cas en Alsace, où, jusqu’à la Révolution française, les plus gros propriétaires de vignobles sont les princes évêques de Strasbourg et de Bâle. Les rois mérovingiens possèdent des vignes dans la région de Marlenheim. Charlemagne, qui réside à Aix-la­Chapelle, est propriétaire de vignes en Alsace. Lors du traité de Verdun (843), l’Alsace fait partie des territoires attribués à Lothaire 1er. En 870, le traité de Meersen la donne au roi de Germanie. A terme, ces différents événements vont avoir d’importantes répercussions sur la viticulture alsacienne. Des documents d’époque nous apprennent que, vers l’an 900, 160 villages alsaciens cultivent la vigne. Au Moyen Age, les vins d’Alsace comptent parmi les plus réputés et les plus chers d’Europe. Ils sont présents sur de nombreuses tables princières. Lorsque la guerre de Cent Ans (1337 à 1453) met la France à feu et à sang, l’Alsace connaît la prospérité au sein de l’Empire germanique. Strasbourg est une des villes les plus importantes de l’Empire. Proclamée république autonome, elle jouit de nombreux privilèges. La batellerie puissante et bien organisée permet d’exporter les vins, bien au-delà des marchés traditionnels que constituent l’Allemagne et la Suisse. À cette époque, les vignerons se sont déjà imposé des règles très strictes. Dès le Moyen Age, les « gourmets » (Weinsticher) occupaient une place importante dans le commerce des vins, Ils sont présents dans tous les villages à vocation vinicole. Leur rôle est strictement défini dans un document concernant les vins de Riquewihr. Ce document nous apprend, entre autres, que le gourmet est un officier public qui accompagne l’acheteur pour vendre au mieux le vin du fournisseur sans se laisser influencer par des sentiments d’amitié et sans recevoir de cadeaux. Des ordonnances promulguées en 1575 et 1644 par le magistrat de la ville de Riquewhir faisaient déjà la distinction entre cépages nobles et communs. Elles interdisaient la plantation de cépages communs sous peine d’amende. Malheureusement, la guerre de Trente Ans sonna le glas de cette prospérité et c’est une Alsace martyrisée et saccagée qui passa en 1648 à la souveraineté française. Il faudra attendre le XVIIIème siècle pour assister au renouveau du vignoble et voir les vins d’Alsace retrouver des débouchés de proximité (Suisse, Allemagne...).
En confisquant et en revendant les biens de l’Église, la Révolution française a modifié profondément la structure du vignoble. Les grands domaines sont morcelés avant d’être revendus. C’est ce qui explique le morcellement actuel (un peu plus de 2 ha en moyenne, un seul grand domaine de 140 ha). Plus grave, la vigne gagne la plaine, et la qualité des vins s’en ressent. Lorsqu’en 1871 l’Alsace devient allemande, la production alsacienne augmente et ses vins sont de qualité médiocre. Ils sont destinés à être coupés avec les vins allemands dont ils enrichissent le degré alcoolique. Comme tous les autres vignobles, l’Alsace n’échappe pas au phylloxéra. Apparu dans le Gard en 1863, cet insecte a ravagé l’ensemble du vignoble français. En 1876, sa présence est signalée en Alsace. A cette époque le vignoble est déjà durement touché par le mildiou et l’oïdium. Les rendements de certaines exploitations tombent à 6, voire 5 hl à l’hectare. Après bien des hésitations, des tâtonnements, la solution pour lutter contre le phylloxéra est enfin trouvée. Il faut greffer les cépages traditionnels sur des porte-greffes américains plus résistants aux attaques de l’insecte. Une autre solution consiste à utiliser des hybrides. Les deux écoles s’affrontent. Les deux techniques sont utilisées. Au début de la Seconde Guerre mondiale, un tiers du vignoble alsacien était planté en hybrides. Malgré les efforts accomplis par l’institut Viticole Oberlin à Colmar entre 1900 et 1918, la création de I’A.V.A. (Association des viticulteurs alsaciens) en 1911, du Syndicat des producteurs-négociants en 1913, la qualité des vins se trouve au plus bas lors du retour de l’Alsace à la France en 1918. De nombreuses questions se posent alors. Faut-il continuer à produire en grande quantité des vins sans vice ni vertu ? Ou, au contraire, reconquérir de nouveaux marchés avec des vins de qualité? Dès 1919, des responsables de la viticulture alsacienne, parmi lesquels figurent déjà Hugel, Boeckel, Preiss, Trimbach, Willm, Lorentz, Meyer, Kuehn, Walter..., organisent des actions de promotion, aussi bien en France qu’à l’étranger. Une ambassade du vin est ouverte à Paris. Parallèlement des actions sont entreprises pour le maintien et le développement des cépages traditionnels, présents, pour certains d’entre eux, depuis le Moyen Age. En 1934, à la veille de la création des AOC et de l’INAO, les Alsaciens souhaitent créer un statut spécial pour les vins d’Alsace. Ce dernier ne verra le jour qu’avec l’ordonnance de 1945, pour cause de Seconde Guerre mondiale. En 1962, les efforts sont enfin récompensés, les vins d’Alsace font leur entrée dans le sérail des appellations d’origine contrôlée. Depuis, les efforts ne se sont pas relâchés. De nombreux textes sont venus concrétiser cette recherche permanente de la qualité: décret sur la mise en bouteille obligatoire dans la région d’origine (1972), reconnaissance des «Grands Crus» (1975), institution de I’AOC Crémant d’Alsace (1976), décret sur les vendanges tardives et les sélections de grains nobles (1984). La notoriété dont bénéficie maintenant, à juste titre, le vignoble alsacien ne doit rien au hasard. Elle est l’aboutissement des efforts entrepris par des hommes qui n’ont jamais baissé les bras dans les moments difficiles. Des hommes qui arrivent à valoriser leurs terroirs et leurs cépages, à la plus grande satisfaction des consommateurs, qui sont de plus en plus nombreux à découvrir et à apprécier les vins de cette région.

Les facteurs qualificatifs

Ils peuvent être classés en deux grandes catégories: les facteurs sur lesquels l’homme n’a pas ou a peu d’influence sont ceux liés au milieu cultural (sol, climat, exposition...); les facteurs sur lesquels l’homme peut et doit intervenir sont les conditions culturales (choix du cépage, mode de conduite, rendements, choix de la date des vendanges...); et bien évidemment les techniques et l’art de la vinification.

Sol et sous-sol

A l’origine, les Vosges et la Forêt-Noire (massif montagneux situé en Allemagne sur la rive droite du Rhin) ne formaient qu’un massif unique. A l’ère tertiaire, la collision de la plaque africaine avec la plaque européenne a fait surgir la chaîne des Alpes. Plus au nord, cette compression se traduit par le plissement de la couverture sédimentaire des massifs anciens, puis dans un second temps, par une distension latérale des fracturations et l’effondrement de l’actuelle plaine d’Alsace et celle de Bade dans la partie centrale de l’ancien massif unique. Cela explique la complexité et la diversité du sous-sol alsacien et, par voie de conséquence, la grande diversité des terroirs et des vins qu’on y rencontre.
En 1981, les professeurs Claude Sittier et Robert Marocke appréhendent le vignoble alsacien en relation avec les trois grandes unités morphostructurales et géologiques s’étageant d’ouest en est:

  la montagne vosgienne faite de terrains anciens cristallins et primaires (socle hercynien), avec une couverture partiellement conservée de grès des Vosges (Trias inférieur);
    •  les avant-monts ou collines sous-vosgiennes formant une bande de terrain plus ou moins étroite, non entièrement effondrée mais irrégulièrement érodée à la suite de son intense fracturation. La partie orientale des collines sous-vosgiennes est recouverte par une frange de dépôts tertiaires;
    •  la plaine alluviale du Rhin, le véritable fossé d’effondrement comblé par des dépôts quaternaires.

Le vignoble alsacien occupe essentiellement les collines sous-vosgiennes. Cette zone comporte de nombreuses zones de fracture (Saverne, Ribeauvillé, Rouffach-Guebwiller et Thann-Sentheim) qui expliquent la grande diversité géologique que l’on rencontre sur de très courtes distances. Pour se faire une idée de la diversité des terroirs, il suffit de s’intéresser au sous-sol de quelques grands crus (il en existe cinquante). Terroir volcanique: Rangen (Thann), granitique: Brand (Turckheim); Schlossberg (Kientzheim); granito-gneissique: Praelatenberg (Kintzheim); schisteux: Kastelberg (Andlau); gréseux: Wiebelsberg (Andlau); gréso-calcaire: Pfingstberg (Orschwihr), gréso-volcanique: Kitterlé (Guebwiller); marno-gréseux: Spiegel (Guebwiller); argilo­marneux: Sporen (Riquewihr); argilo-sableux (Ollwiller); marno-calcaire: Altenberg (Bergheim); marno-calcaro-gréseux: Hengst (Wintzenheim), Goldert (Gueberschwihr); marneux: Osterberg (Ribeauwillé); calcaire: Steinert (Pfaffenheim et Westhalten), Steinklotz (Marlenheim), etc.

Climat et orientation

Contrairement à une opinion très répandue, l’Alsace bénéficie de conditions climatiques privilégiées. Certes, comme dans toutes les régions où domine un climat semi-continental, les hivers peuvent y être froids et les étés très chauds. En revanche, c’est une des régions les plus ensoleillées de France à cette latitude. Qui plus est, la pluviométrie y est très faible (500 mm d’eau par an dans la région de Colmar). Elle bénéficie donc des conditions climatiques favorables à une excellente maturation des raisins.

Localisation

Le vignoble alsacien est situé au pied et à l’abri des Vosges sur les collines sous-vosgiennes, à une altitude variant de 200 à 400 m. Il s’étire sur une centaine de kilomètres, de Marlenheim (à l’ouest de Strasbourg) à Thann (à l’ouest de Mulhouse). Une enclave est localisée plus au nord, dans la région de Wissembourg, près de la frontière allemande: le vignoble de Cleebourg.

Les cépages alsaciens

«Le génie du vin est dans le cépage», écrivit Olivier de Serres.
En Alsace, la notion de cépage revêt une importance particulière.
En effet, contrairement aux autres régions, les vins sont généralement commercialisés sous le nom du cépage dont ils sont issus.
Pour le Bordelais, la Bourgogne, etc., le consommateur fait référence à l’appellation d’origine (entité géographique). Exemple: pauillac, saint-émilion, volnay, meursault, etc.
Pour la Champagne, c’est la marque commerciale qui est mise en évidence: Moët et Chandon, Pommery, Ruinart, etc.
Pour l’Alsace, le consommateur demande: un sylvaner, un gewurztraminer, un riesling, etc.
Les cépages autorisés en Alsace sont: le riesling, le gewurztraminer, le tokay-pinot gris, le muscat (seuls ces cépages sont admis pour l‘AOC Alsace Grand Cru), le pinot blanc, l’auxerrois, le sylvaner, le chasselas et le pinot noir. Doivent également être mentionnés: le savagnin rose (klevener de Heiligenstein) et le chardonnay (autorisé pour le crémant d’Alsace). Certains ouvrages font mention de cépages (knipperlé, müller-thurgau, meunier, etc.) qui ne sont plus autorisés depuis 1980.

Le riesling

Il était déjà présent sur les rives du Rhin à la fin du XVème siècle. Il occupe actuellement 23 % des surfaces plantées (13 % il y a vingt-cinq ans). Le riesling est un cépage tardif (ce qui le préserve des gelées de printemps). Il donne ses meilleurs résultats sur les terroirs bien exposés et sur les sols pas trop lourds: schisteux, sablo-argileux, limoneux, riches en éléments grossiers. Vin fin, sec et racé, il est caractérisé par des arômes délicatement fruités, floraux ou minéraux selon les terroirs. Ces arômes évoluent au cours du vieillissement. En effet, contrairement à une opinion très répandue, certains rieslings, en particulier les grands crus, ont une excellente aptitude au vieillissement. Ce cépage est le compagnon idéal pour les poissons, les crustacés, les volailles, les viandes blanches et, bien sûr, la choucroute à l’alsacienne. Pour les Alsaciens c’est le vin d’Alsace par excellence. Ils lui ont d’ailleurs consacré un poème:

Du Riesling dans le verre,
C’est le ciel sur la terre,
Un breuvage de roi,
Une chanson de foi,
Que la gorge se rince,
Buvons, chantons le Prince.

Le gewurztraminer

Il    tire son nom du village de Tramin (Termeno) dans le Tyrol italien où il était déjà présent au XIème siècle. Dans de nombreux pays, il est encore appelé traminer. En Alsace, jusqu’au début des années 70, il était commercialisé soit comme traminer, soit comme gewurztraminer. Depuis la mise en place du «nouveau statut des vins d’Alsace», seule la dénomination gewurztraminer est admise. Les surfaces qui lui sont consacrées (18 %) sont pratiquement stables. Il aime les bonnes expositions, les sols marneux, profonds, légèrement calcaires. Il donne des vins puissants, ce qui n’exclut ni la finesse ni la délicatesse, aux arômes de fruits mûrs, de rose et d’épices. Il a une excellente aptitude au vieillissement, surtout lorsqu’il s’agit des vendanges tardives ou de sélection de grains nobles. Il accompagne parfaitement les plats exotiques, le munster, les desserts...

Le tokay pinot gris (ou la légende de Lazare de Schwendi)

Jusqu’au début des années 80, les vins issus de ce cépage étaient commercialisés sous la dénomination « tokay ». La légende voulait que ce cépage ait été rapporté de Hongrie par le baron Lazare de Schwendi après sa victoire sur les Turcs au XVIème siècle. S’il est possible que le baron ait rapporté des plants de vigne de Hongrie, il ne pouvait pas s’agir du cépage cultivé actuellement en Alsace. En effet, à l’époque, il n’était pas présent en Hongrie (on le trouve maintenant sur les rives du lac Balaton sous le nom de Szükebarat). D’ailleurs, les tokays hongrois sont élaborés à partir de cépages qui n’ont rien à voir avec le pinot gris: le furmint et l’harslevelu.
Au début des années 80, la C.E.E. a enjoint aux Alsaciens de ne plus utiliser le nom tokay qui constitue une appellation d’origine en Hongrie. Depuis cette époque les vins sont présentés comme tokay pinot gris. À signaler que le pinot gris est présent par exemple en Bourgogne sous le nom de pinot beurrot. En Alsace, les surfaces consacrées à ce cépage sont en constante augmentation, elles représentent environ 10 % des superficies. C’est sur les sols profonds, riches, argilo-limoneux ou sur les roches volcaniques que ce cépage donne ses meilleurs résultats. Ses grains, légèrement colorés, permettent d’élaborer un vin opulent, corsé, long et rond en bouche. Il offre un bouquet riche avec des arômes complexes de sous-bois et parfois des notes empyreumatiques (fumées). Il accompagne parfaitement le foie gras (surtout s’il s’agit de vendanges tardives), les viandes blanches, les rôtis, les abats et le gibier.

Le muscat

Sa présence est déjà signalée en Alsace au début du XVIème siècle. Il n’occupe que 3 % des surfaces plantées. Cela s’explique en partie par le fait que lorsqu’ils sont cultivés dans des zones septentrionales, les cépages muscat sont très sensibles à la coulure (non fécondation des fleurs) si les conditions climatiques ne sont pas favorables. Deux variétés de muscat sont cultivées en Alsace: le muscat d’Alsace, ou muscat à petits grains, et le muscat ottonel. Ce dernier n’est cultivé en Alsace que depuis le siècle dernier. Les vins issus de muscat produits en Alsace n’ont rien à voir avec ceux du Midi (muscat de Rivesaltes, de Frontignan, etc.). Le muscat d’Alsace est un vin sec, voire très sec, au fruité inimitable, avec des arômes fins et subtils de raisins frais. Vin d’apéritif et de réception par excellence, il accompagne parfaitement les asperges, en particulier celles produites en Alsace dont la qualité n’est plus à démontrer.

Le pinot blanc, appelé localement klevener

Ce cépage, d’origine française, fait partie de la grande famille des pinots. Ce serait une mutation du pinot noir mais sur ce point les spécialistes sont très divisés. En Alsace, les superficies plantées en pinot blanc ont presque doublé en trente ans (actuellement 21 %). Cette augmentation spectaculaire est une des conséquences de l’engouement pour le crémant d’Alsace. En effet, les vins issus de ce cépage représentent une part très importante des vins mis en oeuvre pour l’élaboration du crémant. Le pinot blanc aime les sols limoneux, légers et fertiles. Ce cépage donne des vins tendres, délicats, légèrement fruités, qui allient fraîcheur, corps et souplesse. Le pinot blanc s’accorde avec de nombreux mets: quiches, fruits de mer, buffets campagnards... En Alsace, l’auxerrois, qui n’est pas originaire de l’Yonne, comme son nom pourrait le laisser supposer, mais de Lorraine, est assimilé au pinot blanc.

Le sylvaner

Ce cépage en provenance d’Autriche a été introduit en Alsace au milieu du siècle dernier. Très résistant sous les climats difficiles, il s’est rapidement imposé, pour atteindre presque 30% des surfaces plantées à la fin des années 60. De nos jours, il ne représente plus que 15 %. Sur de nombreuses parcelles, il a été remplacé par du pinot blanc, pour les raisons que nous avons déjà évoquées. Il aime les sols profonds, sableux et calcaires. Ce vin est à boire jeune: il est frais, léger et fruité. Sur certains terroirs (par exemple à Mittelbergheim), il peut atteindre une qualité tout à fait remarquable. Il accompagne les fruits de mer, les quiches, les charcuteries...

Le chasselas

À signaler également le chardonnay, autorisé pour l‘AOC Crémant d’Alsace. Quant à l’edelzwicker, il ne s’agit pas d’un cépage mais d’un vin issu généralement de l’assemblage harmonieux de vins de différents cépages alsaciens. La question de la qualité de ce vin est souvent posée. C’est un peu comme la langue d’Esope... Tout dépend de la qualité des cépages intervenant dans l’assemblage.

Les vins blancs d’Alsace: une palette incomparable!

L’Alsace offre une gamme complète de vins blancs, qui va des vins blancs secs, voire très secs, aux vins moelleux et liquoreux. Ces derniers sont issus des vendangés tardives (VT) et des sélections de grains nobles (SGN). Les vins d’Alsace sont commercialisés sous trois AOC (appellation d’origine contrôlée):

- Alsace ou vin d’Alsace,
- Alsace Grand Cru et
- Crémant d’Alsace.

Alsace ou vin d’Alsace: cette AOC est réservée à l’ensemble des vins produits dans l’aire délimitée et qui remplissent les conditions fixées par décret (cépages, rendements, titre alcoométrique volumique minimum naturel; méthode de taille, de culture, de vinification; dégustation d’agrément...).

Alsace grand cru: AOC réservée à des lieux-dits strictement délimités dont certains ont une renommée très ancienne. Le Kastelberg d’Andlau est déjà cité dans un document de 1604, le Manbourg de Sigolsheim dès 781! L’AOC Alsace Grand Cru implique d’abord une délimitation très stricte qui fait appel aux qualités du sol et de l’environnement topographique et climatique, puis s’ajoutent des conditions de production plus restrictives que pour l’AOC Alsace: rendement plus faible, seuls quatre cépages admis (riesling, gewurztraminer, muscat et tokay pinot gris). L’étiquette doit comporter, outre l’appellation Alsace Grand Cru, la mention du lieu-dit, du cépage et du millésime. Il existe actuellement 50 grands crus en Alsace.

Crémant d’Alsace: cette AOC, qui date de 1976, est réservée aux vins effervescents élaborés selon la méthode traditionnelle (appelée jusqu’au début des années 90 «méthode champenoise»). Cette méthode implique une seconde fermentation en bouteilles, un vieillissement minimum, un remuage et un dégorgement. Les cépages admis pour cette AOC sont tous les pinots (blancs, gris et noirs), l’auxerrois, le riesling et le chardonnay.

Vendanges tardives et sélection de grains nobles: ces deux mentions rares et prestigieuses peuvent compléter les AOC Alsace et Alsace Grand Cru. Exclusivement issus des cépages riesling, gewurztraminer, muscat et tokay pinot gris, ces vins ne sont élaborés qu’en années exceptionnelles à partir de raisins récoltés à surmaturité présentant de la pourriture noble. En Alsace, en raison de la situation septentrionale du vignoble, les vendanges tardives présentent généralement un très bel équilibre. Pour les sélections de grains nobles, les vendanges s’effectuent par tris successifs des grains atteints de pourriture noble (Botrytis cinerea). Lorsque les conditions climatiques lui permettent d’envisager l’élaboration de ces vins, le viticulteur doit faire une déclaration préalable. Puis les services de l’INAO procèdent à un contrôle chez le viticulteur le jour de la vendange. Qui plus est, les vendanges tardives et la sélection de grains nobles sont soumis à une procédure d’agrément particulière. Dans un premier temps, les vins doivent obtenir leur agrément en appellation Alsace ou Alsace Grand Cru. Dans un second temps, dix-huit mois après la récolte, les vins, qui sont déjà en bouteilles, sont présentés à l’agrément «dans la mention». La commission doit juger cette fois si le vin a bien les caractères de la mention revendiquée. Il s’agit de conditions exceptionnelles pour des vins d’exception!

Vin de paille: quelques viticulteurs élaborent du vin de paille, c’est-à-dire fait à partir de raisins surmûris sur clayettes ou sur de la paille. Cette production reste confidentielle, mais ce type de vin était déjà élaboré dans la région au XVIIIème siècle.

Vin d’Alsace et gatronomie

En France, on ne conçoit pas un bon repas, aussi simple soit-il, sans vin. Lors d’un séjour en Alsace, n’hésitez pas à découvrir les accords remarquables entre la gastronomie locale et les vins de la région. Par exemple, dégustez un muscat (en Alsace il s’agit d’un vin sec) à l’apéritif. À la saison des asperges, vous pouvez continuer avec le même vin. Avec le Flammekueche (tarte flambée), dégustez un sylvaner bien frais ou un pinot noir. Avec la choucroute ou le coq au riesling, demandez un riesling, bien sûr. Un tokay pinot gris vendanges tardives accompagnera parfaitement un foie gras. Un gewurztraminer (y compris en vendanges tardives) s’harmonise parfaitement avec le munster. Si le fromage est à point, vous vivrez un grand moment: un véritable mariage d’amour!

Le vignoble d’Alsace en quelques chiffres (source CIVA, Colmar)

Les caractéristiques de la production et du marché:

Production Alsace et Alsace Grand Cru typée de vins secs, fruités, bou­quetés dont 92 % sont blancs:

• 14.400 ha de vigne en production;
• 1,1 million d’hectolitres par an en moyenne de vins AOC (près de 150 millions de bouteilles);
• 40 % du produit agricole total de la région Alsace (plus de 50% des seules productions végétales);
• 18 % de la production française de vins blancs AOC, hors effervescents;
• un tiers du marché français des vins blancs AOC consommés à domicile, hors effervescents;
• 30 % du marché des vins effervescents AOC consommés à domicile pour les crémants d’Alsace;
• 40 millions de bouteilles (300.000 hl) exportées soit 25 % des ventes totales en bouteille.

Trois appellations d’origine contrôlée:

• Alsace (87 % de la production) complétée par l’indication facultative d’un nom de cépage.
• Alsace Grand Cru, complétée par l’indication obligatoire à la fois d’un nom de cépage et d’un nom de terroir (3 % de la production totale).
• Crémant d’Alsace (10 % de la production totale) avec 16 millions de bouteilles (120.000 hl) commercialisées (méthode traditionnelle).

Deux mentions:

Vendanges tardives et sélection de grains nobles.

Une mise en bouteilles exclusive:

• une mise en bouteilles à 100 % dans la région de production depuis la loi du 5 juillet 1972;
une bouteille exclusive protégée, la flûte d’Alsace.

Les professionnels des vins d’Alsace:

6.900 viticulteurs dont 2.000 disposent de plus de 2 ha et exploitent plus de 80 % de la surface totale du vignoble;
1.100 opérateurs vendant des bouteilles dont quelques 200 commercialisent 85 % des volumes.

 

A bientôt en Alsace pour découvrir, ou redécouvrir, nos vins et rencontrer les hommes qui, chaque jour, ne ménagent ni leur temps ni leur peine pour nous offrir des bouteilles dignes de figurer sur toutes les tables, des plus simples aux plus prestigieuses. Personnellement, j’ai toujours beaucoup d’admiration pour les vignerons, car je sais, comme nous le rappelle Louis Forest, «qu’il n’est point d’art qui soit plus difficile que celui de faire du vin, de le conserver, de le servir. Il y faut force, instinct, science, temps, patience et amour».